La nature du mental et la nécessité d’en sortir (Extrait mémoire A. Gaiteri sur le mental)

La nature du mental

Par nature le mental a tendance à être négatif, dysfonctionnel, il pompe l’énergie, donne de fausses sensations et engendre de la souffrance. Notre cerveau a une addiction à l’agitation mentale qui entrave son propre fonctionnement et ses perceptions. En effet, celui-ci a une facilité déconcertante à créer des pensées arborescentes. Le cerveau produit 60.000 pensées par jour dont 80% de pensées négatives et recyclées. Ces pensées vagabondes nous ramènent à des problèmes non résolus de notre quotidien, des conflits, des préoccupations se rapportant au passé (culpabilités, remords, hontes, etc.) ou des craintes de l’avenir (Etude des psychologues M. Killingsworth et D. Gilbert, « A wandering mind is an unhappy mind », Science, 330, p. 932). L’agitation mentale peut devenir autodestructrice et pathologique.

La nécessité de sortir du mental

Au niveau physiologique, toutes ces pensées négatives, ruminantes, etc, sur toutes choses créent un stress et ce stress incontrôlé crée des maux. Ce stress active le système nerveux sympathique qui sur une longue durée conduit le corps à l’épuisement pouvant altérer la tension artérielle, le système cardiovasculaire, le système immunitaire, le système respiratoire, etc.

Au niveau du cerveau, le stress accroit le taux de noradrénaline mais active également d’autres récepteurs neuronaux qui devraient rester inactifs. Il y a donc un dysfonctionnement de la transmission synaptique. Cet excès déconnecte le cortex préfrontal et bloque les fonctions exécutives au profit des réponses plus stéréotypées qui privilégient les actions habituelles et les objectifs à court terme (A. F. Arnsten, « Stress signalling pathways that impair prefontal cortex structure and function, Nat Rev Neurisci, 2009). C’est le pilote automatique qui se met en marche avec un cerveau qui navigue dans ses schémas préétablis, ses représentations, ses questionnements et ses a priori. 

Au niveau psychologique, il existe une relation entre le système respiratoire et l’état émotionnel. Toute pensée négative ou émotion désagréable est suivie d’une perturbation de la respiration. Le « souffle est coupé » à la connaissance d’une mauvaise nouvelle, la respiration haletante en situation émotionnelle forte, et à l’inverse dans un état de bien-être le souffle est lent et ample.

La vie psychique influe directement sur la respiration et inversement. Les émotions sont le point de rencontre du corps et du mental. C’est la réaction du corps au mental. Le tonus musculaire est lui aussi lié à certains facteurs psychologiques, émotionnels, comme la peur l’anxiété, etc. Le tonus musculaire est sous l’influence cérébrale. Edmond Jacobson en 1908, professeur de médecine à Harvard avait déjà compris cela et qu’à l’inverse le tonus musculaire pouvait aussi influer sur le cerveau, les pensées et les émotions (E. Jacobson, Relaxation progressive). Certains maux et certaines maladies sont d’origines psychosomatiques.

Enfin comme l’explique si bien E. Tolle (le pouvoir du moment présent), la nécessité de sortir du mental réside dans le fait que le problème mental ne peut pas se résoudre sur le plan mental, car le mental fait partie du problème.

En sophrologie, le corps est le support pour sortir de ce problème.